Retour sur le comité exécutif de la Fédération européenne des syndicats de l'alimentation, de l'agriculture et du tourisme (EFFAT) des 12 et 13 novembre 2025
Ces 12 et 13 novembre, la Fédération européenne des syndicats de l'alimentation, de l'agriculture et du tourisme (EFFAT) tenait à Bruxelles son comité exécutif, rassemblant les représentants syndicaux européens des secteurs de l’agriculture, de la restauration, de l’hôtellerie et du tabac. Deux jours d’échanges riches autour des défis communs que rencontrent les travailleuses et travailleurs de nos secteurs dans toute l’Europe.
La CFDT Services, représentée par Stéphanie Dayan, Secrétaire nationale, y a réaffirmé l’importance du travail collectif au sein de la fédération européenne, pour défendre des droits sociaux forts face à une économie qui se précarise et à des modèles d’emploi toujours plus éclatés.
" À cette occasion, j’ai eu l’honneur d’échanger avec le Dr Rolf Schmachtenberg, ancien Secrétaire d’État au ministère fédéral du Travail et des Affaires sociales d’Allemagne (BMAS). Le Dr Schmachtenberg, qui a occupé cette fonction pendant vingt ans, a récemment pris ses fonctions de conseiller auprès de Roxana Mînzatu, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée des droits sociaux, des compétences, des emplois de qualité et de la préparation. Il l’assiste dans la rédaction de la feuille de route européenne pour des emplois de qualité, qui sera présentée en décembre.
Nous avons échangé sur la question cruciale de la sous-traitance au forfait dans l’hôtellerie, un modèle très répandu dans l’hôtellerie économique et milieu de gamme. Dans ce système, les salariés d’entreprises sous-traitantes sont payés à la tâche, au nombre de chambres nettoyées – par exemple 10 € par chambre, quel que soit le temps nécessaire. Ce montant inclut à la fois le salaire, les charges et la marge de l’entreprise prestataire.
Ce modèle pose de graves problèmes sociaux :
des cadences épuisantes, avec des risques physiques et mentaux accrus ;
une rémunération souvent inférieure au SMIC horaire, difficile à prouver sans système de pointage ;
un éclatement de la responsabilité sociale, les hôtels affichant une image de “bons employeurs” tout en transférant leurs obligations à leurs prestataires ;
un isolement des salariés, souvent des femmes précaires, sans représentation syndicale ni instance de dialogue ;
et, plus largement, un contournement du Code du travail qui mine la qualité de l’emploi et fragilise la représentation collective.
Cette forme de sous-traitance constitue une véritable faille sociale : elle alimente le dumping, invisibilise les salaries et dégrade les conditions de travail dans un secteur clé du tourisme européen. Ces sujets doivent être pleinement intégrés à la réflexion européenne sur les emplois de qualité que conduit actuellement la Commission." raconte Stéphanie Dayan.
Les responsables de l'EFFAT