Industrie textile : le bât blesse sur la pression de réduction des coûts

Publié le 21/09/2020

Les entreprises du secteur de l’habillement, déjà en souffrance avant la crise sanitaire, connaissent de lourdes restructurations qui ne doivent pas faire oublier le durcissement des conditions de travail et la précarité des travailleurs des pays, majoritairement en Asie, fournisseurs de la plupart des marques.

L’industrie du textile emploie dans le monde plusieurs millions de personnes. Pour faire face aux conséquences de la crise, l'Organisation Internationale du Travail (OIT) a initié une coordination qui rassemble l’Organisation internationale des employeurs (OIE), la Confédération syndicale internationale (CSI), IndustriALL Global Union - fédération syndicale internationale -  et de grandes marques de mode.

Cette coordination a abouti à la signature d’un accord qui engage notamment les marques et retailers à payer leurs fournisseurs pour les productions. Un engagement collectif sans lequel la pérennisation des entreprises et la protection des salariés ne peut être envisagée. Mais c’est probablement ce dernier point, objet d’une lutte syndicale déjà ancienne, qui doit faire appel à la plus grande vigilance. Sept ans après le drame du Rana Plazza qui a coûté la vie à 1 138 ouvriers du textile au Bengladesh, le collectif Ethique sur l’Etiquette, auquel adhère la CFDT, continue de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions de travail et la précarité des salariés.

L’actualité montre en effet que, malgré le renouvellement de l’accord sur la sécurité des usines, signé entre IndustriALL, UNI et 13 marques et enseignes, l’urgence reste vive. De nombreux efforts restent à faire pour que les multinationales s’engagent bien au-delà de leur devoir de vigilance. Les quelques avancées obtenues, souvent à l’arraché et au terme d’une bataille de plusieurs années, ne masquent pas les améliorations que la communauté syndicale internationale continue de revendiquer.  Le triste exemple de l’accident survenu début juillet dans une usine de la banlieue de Dacca au Bengladesh en est une démonstration.

Dans un communiqué Ethique sur l’étiquette a dénoncé à ce propos « Les marques et distributeurs se sont déchargés de toute responsabilité quant aux sort des travailleur.euse.s dans cette crise, et aux comportements irresponsables de leurs sous-traitants. Leur refus d’honorer leurs commandes et leurs tentatives de négocier des remises malgré le contexte ont mis de nombreuses usines dans une situation financière précaire, les conduisant à ne pas verser aux travailleur.euse.s leurs salaires du mois de mars et des mois à venir. ». Pour être force de propositions auprès de ses partenaires, la CFDT et particulièrement la fédération des Services sont attentives aux nouveaux modèles de consommation et de production. Le développement de la fast fashion - renouvellement très rapide des vêtements à petit prix proposés à la vente -  accentue par exemple la pression sur les coûts de production dont les salaires qui sont en premières lignes des coupes financières. L’industrie textile doit opérer sa mue et engager la responsabilité sociale et environnementale de toute la chaîne de production. Les syndicats s’y emploient.

METTRE FIN AU TRAVAIL FORCÉ DES OUÏGHOURS

Plus de 100 associations et syndicats du monde entier et 72 groupes de défense des droits des Ouïghours appellent les multinationales de l’habillement à cesser le recours au travail forcé dans la région autonome Ouïghoure du Xinjiang et à mettre fin à leur complicité dans les atteintes aux droits humains commises par le gouvernement chinois. Les organisations publient un appel à action demandant aux multinationales de s’engager à rompre tout lien avec les fournisseurs impliqués dans du travail forcé et à mettre fin, depuis le coton aux vêtements finis, à leur approvisionnement issu de la région Ouïghoure, d’ici douze mois. Lire l’appel :  https://urlz.fr/dw68

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