Minima salariaux dans le commerce à prédominance alimentaire : la proposition de la fédération du commerce et de la distribution anticipe avec… 1 an de retard

Publié le 26/11/2020

Comme chaque année, la CFDT trouve que la négociation annuelle obligatoire (NAO) des minima salariaux dans la branche du commerce à prédominance alimentaire commence trop tardivement.

Ces minima, par définition, représentent le minimum de salaire garanti pour les salariés suivant leur emploi dans la classification. Quand la branche signe un accord sur les minima salariaux, il peut s’appliquer dès la signature aux adhérents de la fédération patronale signataires et il faut attendre son extension pour qu’il soit opposable dans toutes les entreprises de la branche. Cette procédure prend quelques mois, d’où l’importance de ne pas trainer pour ouvrir des négociations qui tiennent compte de l’augmentation du SMIC et du coût de la vie - surtout quand les minima de salaires sont proches du SMIC -  et qui évitent d’aboutir à une grille de salaires avec des premiers niveaux de rémunération au niveau du SMIC.

Ces minima servent aussi de base de négociation pour les négociateurs en entreprise et c’est bien cela qui chagrine la fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui préfère attendre que ses adhérents aient terminé leurs propres négociations de salaires avant de faire évoluer les minima de branche, ce qui pénalise à la fois les salariés des entreprises adhérentes à la FCD et encore plus les salariés des entreprises de la branche non adhérentes à la FCD* (Leclerc, Intermarché et les établissements franchisés …).

Les salariés comptaient sur une augmentation des minima en 2020, la FCD a joué la montre en laissant trainer le sujet au printemps dernier, puis s’est engagée à l’aborder en juin. La CFDT a envoyé ses propositions en juillet, la FCD a continué à trainer des pieds à la rentrée pour aborder le sujet en négociation de branche pour enfin faire une proposition le 13 novembre pour l’année… 2020.

Cette proposition arrive trop tard pour 2020 car, même si elle était signée à la prochaine commission paritaire du 27 novembre, ces minima seraient appliqués dans la foulée de la signature uniquement dans les entreprises adhérentes à la FCD et rattrapés par la future augmentation du SMIC dans le mois qui suit. Quant aux salariés des entreprises non adhérentes, ils devront attendre plusieurs mois pour voir leurs minima augmenter.

Quant aux montants proposés par la FCD, ils ont été construits en appliquant « le taux d’inflation de 2019 (soit 1,2 %) sur les minima 2019 (non étendus) + 0,3% d’anticipation 2021, soit au total 1,5%. » car maintenant la FCD ne se contente plus de reculer la NAO en fin d’année elle fait deux NAO en une en « anticipant » la NAO de l’année prochaine.

Mais à ce compte-là, il faut viser un peu plus haut que 4 et 5 centimes au-dessus du SMIC actuel pour les premiers niveaux sinon ils seront rattrapés par le SMIC avant même d’être étendus, à moins que la FCD accepte d’ouvrir les NAO 2021 en janvier, ce qui semble mal engagé.

Au final, ce sont les salariés qui trinquent :  pas d’augmentation des minima en 2020, enfin si, une qui pourrait être signée fin novembre et qui profiterait au mieux aux salariés adhérents de la FCD pour… 1 mois. 660 000 salariés travaillent dans le secteur du commerce alimentaire. 

A l’heure où quelques grands groupes bénéficient de l’argent public à travers l’activité partielle dans des conditions contestables, au lieu de renforcer les équipes en sous-effectifs et de former les salariés pour l’avenir, la CFDT Services dénonce le manque de volonté manifeste des acteurs patronaux de la branche à faire évoluer les salaires au-delà du SMIC.

Ce serait pourtant une première reconnaissance des travailleurs essentiels qui n’ont jamais cessé leur activité depuis le début de la pandémie.

 

 

* Les minima de salaires actuellement en vigueur dans la branche sont ceux issus de la NAO de 2018, que les 7 premiers niveaux de la grille sont en dessous-du SMIC (jusqu’au niveau 4 A), que les adhérents de la FCD doivent appliquer la grille signée en 2019 et toujours en attente d’extension (5 premiers niveaux de la grille sont en dessous-du SMIC jusqu’au niveau 3 A).