Des exigences et des propositions pour la relance d’un tourisme plus durable avec des emplois de qualité

Publié le 14/09/2020

L’EFFAT, fédération européenne des syndicats des secteurs de l'alimentation, de l'agriculture et du tourisme, a organisé une visioconférence le 8 septembre avec les représentants des fédérations syndicales pour faire un point sur l’impact économique de la pandémie et dresser les perspectives pour le tourisme de demain, plus durable. Christian Juyaux, membre du bureau du secteur tourime de l’EFFAT pour la région BeNeLux/France, secrétaire du comité européen de dialogue social au Club Méditerranée et Pierre Dujourdy, délégué syndical Club Med et membre titulaire au Comité de pilotage des Comités de dialogue social sectoriel (CDSS) représentaient la fédération des Services.  

Le tourisme en Europe est gravement touché par l’épidémie de la Covid 19. Ce secteur qui représentait 10% du PIB de l’UE et 12% de l’ensemble de l’emploi salarié en Europe, est aujourd’hui confronté à des incertitudes pour l’avenir et dont la reprise sera probablement longue et difficile. Comme le rappelle Christian Juyaux « Ce secteur a un rôle important dans l’accompagnement des jeunes sur le marché du travail (13% de la main d’œuvre), d’intégration des travailleurs migrants (15,6% de ressortissants étrangers) et il contribue à l’égalité hommes-femmes (59% d’emplois féminins) ».

 

Changer le paradigme du tourisme dans une vision durable et innovante 

Si le tourisme a connu une croissance permanente en Europe, son modèle économique était fondé sur des intérêts financiers à court terme et la maximisation des profits avec un faible investissement dans la main d’œuvre et à une précarisation croissante de l’emploi, plus une contribution importante au réchauffement de la planète par les émissions mondiales de CO2. Pour l’avenir, nous devons mettre en place un modèle de tourisme durable et socialement responsable avec un tourisme de proximité pour un moindre impact environnemental, la qualité des services par la stabilité de l’emploi et des investissements dans le capital humain par la formation, la qualification, mais aussi  la durabilité économique par la fidélisation des clientèles. Des conditions de concurrence équitables doivent être assurées entre tous les prestataires des services touristiques et la promotion du tourisme pour tous pour les jeunes, les familles, les groupes défavorisés. Les labellisations dans le tourisme doivent prendre en compte la qualité de l’emploi (conditions de travail décentes et le respect des droits des salariés) et les entreprises du tourisme doivent être responsables des impacts de leurs activités sur les communautés locales.

 

Des conditionnalités sociales et environnementales au soutien économique 

 

Pour l’EFFAT et ses partenaires, les différentes mesures économiques mise en œuvre pour faire face à la crise de la COVID-19 devraient être conditionnées au respect par les entreprises des normes de travail, des droits des salariés et de leurs représentants syndicaux :

  • Sauvegarde et création d’emplois décents qui respectent les droits des salariés et les conventions collectives ;
  • Payer les impôts et les cotisations sociales en ne s’échappant pas dans les paradis fiscaux ;
  • Suspendre les paiements de dividendes, les rachats d’actions et d’options pendant la crise.

Les aides publiques doivent aussi soutenir une relance de la demande touristique et mobiliser toutes les synergies public-privé permettant un tourisme durable et neutre sur le plan climatique.

 

Améliorer l’emploi dans le tourisme

La précarisation et l’externalisation de l’emploi dans le tourisme était la norme. Les partenaires de l’EFFAT ont rappelé leurs exigences en matière de qualité et de stabilité de l’emploi, de santé et de sécurité, d’innovation, de durabilité et de qualité des services. Elles doivent être respectées par :

  • La création d’emplois permanents à temps plein avec des conditions de travail décentes, des salaires durables, une protection sociale et des droits pour les salariés ;
  • L’externalisation/la sous-traitance doivent être strictement réglementés et la législation européenne doit garantir la responsabilité conjointe et solidaire dans toute la chaine touristique ;
  • Les mesures de maintien de l’emploi et de soutien aux revenus doivent se poursuivre aussi longtemps que nécessaire ;
  • Toutes les mesures de restructuration doit être négociées avec les représentants des salariés et les droits d’information, de consultation et de participation des salariés doivent être renforcés.

 

Quelles actions dans le domaine de la santé et de la sécurité ?

Pour que l’activité touristique reprenne, la santé et la sécurité des salariés et des citoyens doivent être une priorité absolue par :

  • L’adoption de protocoles clairs en matière de santé et de sécurité pour le personnel, les hôtes  et les fournisseurs ;
  • Les infections COVID 19 doivent être reconnues comme maladies professionnelles dans toute l’Union Européenne ;
  • Les mesures de santé et de sécurité doivent être renforcées en cas d’installation de quarantaine de traitement du COVID 19.

 

Des actions dans le domaine de la qualification et de la formation        

La formation et la qualification des salariés  doivent être des éléments clés de tous les plans de relance  par des stratégies ambitieuses de formation et de recyclage des salariés du secteur du tourisme. Les employeurs doivent utiliser les périodes de moindre activité pour requalifier la main d’œuvre et améliorer leurs compétences en concertation avec les représentants des travailleurs.

 

Les étapes suivantes 

Pour la CFDT, il est important que tous les acteurs du tourisme soient impliqués dans la relance du secteur en élaborant des plans d’action à court et moyen terme, assortis de mesures concrètes et les partenaires sociaux ont un rôle prépondérant dans la planification, la mise en œuvre et le suivi des initiatives. La Commission Européenne organise à l’automne 2020 une Convention européenne du tourisme car il est temps de se préparer à un tourisme plus durable et socialement responsable.

 

 

Chiffres clés

L’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) évalue pour 2020 : 850 millions à 1,1 milliards  d’arrivées de touristes internationaux en moins. Une perte de 910 milliards à 1,2 billions de $ de recettes d’exportation provenant du tourisme.