Quand la vie militante se réinvente pendant le confinement abonné

Le confinement puis le télétravail à grande échelle ont bousculé les pratiques militantes, fondées en bonne partie sur le contact physique. Pour ne pas perdre le lien avec les adhérents et poursuivre l’action syndicale, les militants ont dû innover.

Par Emmanuelle Pirat et Claire Nillus— Publié le 17/09/2020 à 07h02 et mis à jour le 14/01/2021 à 13h59

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« En quelques jours, après l’annonce du confinement, à la mi-mars, notre vie syndicale s’est effacée : plus de permanences, plus de rassemblements, plus de visites de sections. Passée la première étape de sidération, nous avons cherché comment maintenir le lien avec les adhérents et les salariés. On s’est mis à utiliser des outils qui nous semblaient un peu gadgets auparavant », explique Véronique Raynaud, secrétaire du Syndicat communication, conseil, culture d’Auvergne. Création de groupes sur le réseau social WhatsApp, formations accélérées sur le logiciel de visioconférence Zoom, utilisation d’un agenda partagé… : en un temps record, les militants se mettent au diapason, instaurent des conseils syndicaux en ligne, font des « visios » avec les sections et réalisent des extractions de fichiers pour contacter les adhérents. Le syndicat a profité de la période afin d’organiser une campagne de phoning sans précédent : « Nous avons remis à jour nos fichiers, appelé tout le monde, envoyé des mails ciblés et réussi à rester en contact avec tous, y compris les plus isolés », se félicite Véronique.

Différents outils pour rebondir

Privées de la proximité qu’offre le terrain, de nombreuses sections se sont trouvées un temps démunies, avant de se donner les moyens de rebondir. Comme Thales Six GTS France, qui compte une dizaine d’établissements répartis dans l’Hexagone. Pour ces militants, « impossible de tracter, et pas question d’utiliser la boîte mail de l’entreprise pour informer nos collègues », rapporte Lubiku Miankeba, le délégué syndical central. Le contexte les a poussés à communiquer autrement, au moyen d’une newsletter. Cette dernière a été envoyée à quelque 200 adresses mail, et les adhérents avaient pour mission de la rediffuser beaucoup plus largement. « Nous n’imaginions pas que cette initiative susciterait autant d’intérêt. Nous avons dû transformer l’essai en publiant chaque mois et en élargissant, à la demande des lecteurs, la place accordée à la vie de nos sections et en donnant à voir ce qui se passe en dehors de Thales, dans d’autres secteurs ! »

Chez Bayard Presse, c’est grâce au blog de la section (alimenté par un article quotidien pendant toute la durée du confinement) que le lien a été maintenu. « J’ai eu autant de connexions en trois mois qu’habituellement en un an. Cela nous a d’ailleurs apporté de nombreux contacts de salariés non adhérents », souligne Frédérique Thiollier, déléguée syndicale et secrétaire du comité social et économique (CSE).

Quand la distance favorise, paradoxalement, la proximité

L’utilisation d’outils numériques a non seulement permis de garder le contact mais parfois aussi de le…

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